Ce sujet fait bien sur suite à celui sur la constitution. Vous le savez tous, le projet constitutionnel a été écarté (dans les grandes largeurs) par l'ensemble du peuple français, à commencer par le "prolétariat" (pardonnez le terme marxiste... j'en ai pas d'autre sous la main qui soit aussi explicite). Nous savons également que si l'ensemble des français a rejeté ce traité en tant que tel, une bonne part a par là également sanctionné le gouvernement Raffarin pour le manque évident de politique sociale (délocalisations en masse, pouvoir d'achat moyen en baisse, inflation, petites phrases chaleureuses du type "c'est pas la rue qui gouverne" etc... ).
Or, chers amis, que constatons-nous? Hmmm? Chirac semble prendre en compte cet aspect du vote en ayant recours à un remaniement ministériel : Villepin, Sarkozy, Douste, Breton aux manettes. Que de grands défenseurs du social. Il y a toujours certes Borloo, mais pour quel poids? J'entends parfois dire "Chirac ne pouvait tout de meme pas prendre un ministre de gauche au gouvernement". Bah pourquoi pas.
Je crois vraiment que nous sommes en pleine crise de la représentativité en France, ce qui implique inévitablement une crise de la démocratie. Je m'explique. Chirac aux dernières présidentielles est élu avec les voix de gauche. Conséquence ? Une politique à droite toute. Il n'aura retenu que le chiffre de 82%. Et tous ceux (ils sont nombreux) qui n'ont pas voté pour lui mais contre Le Pen, de se sentir "enflés" comme il faut. Et c'est là que Chirac manque de classe, d'entrée de jeu. Il n'est déja plus le président de la France, mais un président de droite. Tout commence là.
Ensuite, les frustrés du 21 avril se vengent aux régionales : claque énorme à droite. Que fait Chirac ? Il ne remanie pas le gouvernement, il ne dissout pas l'assemblée (sans doute un mauvais souvenir, quoique : l'initiative d'alors venait de Villepin et à voir son importance aujourd'hui on peut s'interroger...), il démissionne encore moins. La gauche passe, mais les électeurs ne sont toujours pas satisfaits, à part les chiraquiens qui ne sont pas légion. Le problème n'est plus un clivage gauche-droite, mais de plus en plus le rejet de celui qui est censé nous représenter et qui précisément, ne nous représente plus.
La dernière claque en date est à mon sens le dernier avertissement du peuple avant quelque chose de plus grave. Raffarin dit "c'est pas la rue qui gouverne" (la rue c'est quand meme des citoyens : democratie = pouvoir aux citoyens, je passe). Les Français : ok, c'est pas la rue qui gouverne, c'est les urnes. Après les baffes électorales "les Français se sont trompés de vote : le vote des régionales c'est pour les régions". C'est le meme argument aujourd'hui, pour la constitution.
Bien : c'est pas la rue qui gouverne. C'est pas les urnes. C'est encore le peuple? Nous tenons tous à notre démocratie, nous tenons tous à notre république, nous sommes conscient que dans notre pays, le patron, c'est nous. Le problème est que Chirac ne semble pas prendre la pleine mesure de ce qui est véritablement un séisme profond dans l'électorat en général, en ne prenant pas de mesures exceptionnelles. Dissoudre l'assemblée, ou, à circonstances exceptionnelles mesures exceptionnelles, prendre des ministres, hé oui pourquoi pas, de gauche. Je ne dirai pas qu'il doit démissionner, pour la bonne raison qu'il a tout de meme été élu.
Je suis pessimiste quant au rafistolage ministériel opéré, Sarkozy me fout la trouille et je crois que non seulement le costume de de Gaulle est bien trop grand pour la petite envergure de Chirac, mais que cela aura, et a déja, des conséquences pour le moins... inquiétantes pour l'avenir.
Pardon, c'est très long, et je remercie les patients qui m'auront lu, encore plus ceux qui me répondront...